Embarquez dans un lieu emblématique à  Laloubère et voyagez sur les lignes de l’Aéropostale

L’Aéropostale de Laloubère : un établissement presque centenaire, aux vies multiples.

 

La création de l’Aéroclub de Bigorre et son aérodrome

L’histoire de ce lieu commence bien avant sa construction, avec la création de l’Aéroclub de Bigorre, en 1933. L’association décide d’aquérir un planeur et de demander à la commune de Juillan de pouvoir user d’un espace loué et utilisé par les militaires pour le test de différentes manoeuvres.

Devenant un peu étroit, la Chambre de Commerce de Tarbes décida d’allouer le terrain et les batiments de Laloubère à l’Aéroclub, et l’aérodrome fut inauguré en 1936. Il fermera de 1939 à 1944, le temps de la guerre, puis reprendra ses activités et continuera de se développer avec la construction de hangars supplémentairss.

A l’heure actuelle, l’aérodrome continue d’être utilisé, et pas uniquement pour les activités de loisirs ! On y retrouve : le détachement aérien de la gendarmerie, chargé des missions de secours en montagne, une zone d’attérissage pour les hélicoptères du SAMU et de la protection civile, espace d’entraînement pour le régiment Tarbais de parachutisme militaire, mais également un pôle de formation à l’aéromodélisme et à l’aviation en général : aviation légère, vol à voile, parachutisme. Les hangars hébergent également l’Association Tarbaise de Constructeurs Amateurs d’Aéronefs !

Rassemblement d'aviation à l'Aéroclub de Bigorre à côté du restaurant l'Aéropostale de Laloubère.
Vue vintage sur le batiment de l'Aéropostale et l'Aéroclub à Laloubère.
Photo du restaurant l'Aéropostale à Laloubère, datant de juin 1938.
Photo vintage de clients en terrasse du restaurant l'Aéropostale à Laloubère.

Une vue imprenable sur les Pyrénées

La plus vieille photo du bâtiment que nous ayons date de 1938, un an après sa construction. On lui retrouve ce look Art Déco, plutôt moderne et entièrement vitré … Il aurait été dommage de se priver d’une telle vue panoramique sur la chaîne des Pyrénées !

A l’origine utilisé comme tour de contrôle (d’après nos recherches), ses activités cesseront lorsque l’aéroport d’Ossun se développera. Le batiment, appartenant toujours à la CCI des Hautes Pyrénées, se verra tranformé en restaurant, activité qui ne cessera depuis, voyant se succéder différentes affaires et différents noms, comme L’Escale Gourmande ou encore le Restaurant Horizons.

Depuis toujours, et prenant pour preuves les photos retrouvées, sa terrasse et sa vue sont mises en avant : à l’ombre des platanes, une vue imprenable sur nos belles montagne … la plus belle des compagnies pour le repas.

C’est le dernier exploitant qui lui donnera son nom d’Aéropostale, en référence aux pionniers de l’aviation (voir plus bas). Nom qui fut gardé pour ce nouveau projet, afin de mettre en valeur un domaine fortement exploité ici à Tarbes, via l’aéroclub mais également l’aéroport et les usines Daher (anciennement Socota / Morane Saulnier).

Note : si vous possédez des informations ou des photos de ce bâtiment qui puissent nous renseigner sur son historique, n’hésitez pas à passer nous voir ou à nous contacter, nous sommes très intéressés d’en apprendre davantage sur ce lieu !

Une reprise sous le signe de l’amitié

Ce bâtiment, tout bagnérais et tout tarbais le connaît : passer devant en allant à Tarbes, ce look unique,  voir les planeurs se poser à côté … Un batiment qui a toujours intrigué Paco, depuis petit.

Après avoir rencontré Manu lors de son apprentissage dans les métiers de l’hotellerie-restauration, il a travaillé à ses côtés à La Fontaine, après plusieurs années à faire ses armes à Londres. Début 2023,  ils lancent ensemble le projet d’english pub à Bagnères, sous le nom d’Au Pas Sage. Dans le même temps, la CCI lance un appel à projet pour ce bâtiment mythique de Laloubère …. Il n’en fallait pas plus pour réveiller l’imagination de ces deux amis de longue date.

Après plusieurs mois de travail, de réflexion, et de travaux, c’est dans un tout nouveau concept qu’ils vous accueillent. Un Aéropostale remis au goût du jour avec une ambiance vintage restaurée, un bar à bières, vins, et cocktails, et, grâce au chef Rémi Weisrock, une carte imaginative et renouvelée au fil des saisons pour satisfaire tous les palais.

Photo du restaurant l'Aéropostale à Laloubère, datant de juin 1938.

L’Aéropostale : une ligne emblématique, de l’Europe à l’Amérique Latine en passant par les cotes Africaines.

 

Bien qu’il nous semble aujourd’hui logique que le courrier international soit transporté par les airs, cela n’a pas toujours été le cas et l’Aéropostale a permis à ce mode d’envoi de se développer, non sans difficultés. Accords politiques et diplomatiques entre les pays, difficultés techniques nombreuses, dépenses affolantes et défis aéronautiques imposés par la nature, la face du transport commercial sera changé à jamais, en moins de 20 ans.

 

Découvrez l’histoire de ces lignes qui ont donné leur nom au restaurant !

1915 - 1918
1915 - 1918
Rassemblement d'aviation à l'Aéroclub de Bigorre à côté du restaurant l'Aéropostale de Laloubère.

Mettre à profit les usines de la guerre

En plein cœur de la première guerre mondiale, le constructeur aéronautique Pierre Georges Latécoère se voit confier par le Ministère de l'Armement la réalisation de 1000 appareils destinés au front. Il aménage alors en un temps record des ateliers de fabrication à Toulouse dans lesquels il aura le temps de construire plus de 800 avions avant l'Armistice, un exploit à l'époque.

La guerre étant finie, Latécoère reprend une idée récente qui permettrait de transformer ses ateliers : l'ouverture de lignes commerciales reliant la France à l'Espagne, puis à l'Afrique, et avec un objectif final d'arriver en Amérique Latine.

Le vol inaugural de la ligne s'effectue en décembre 1918, entre Toulouse et Barcelone : c'est le début de la ligne Aéropostale.

1918 - 1924
1918 - 1924
Rassemblement d'aviation à l'Aéroclub de Bigorre à côté du restaurant l'Aéropostale de Laloubère.

Rallier les cotes Africaines

Petit à petit, ses avions gagnent du terrain, et rallient Toulouse à Casablanca, puis Casablanca à Dakar et Saint Louis du Sénégal. Beppo di Massimi, son ami et associé sur ce projet, devient administrateur des lignes aériennes Latécoère à Madrid et David Daurat est chargé du recrutement des pilotes, pour beaucoup sans emploi après la guerre. Tous démarrent en tant que mécanicien.

Des aviateurs emblématiques comme Jean Mermoz (qui effectuera le premier vol considéré comme transatlantique), Antoine de St Exupéry ou encore Henri Guillaumet, recrutés sur ces lignes, permettent à l'Aéropostale de s'étendre, non sans mal : les tribus maures les contraignent à des atterrissages forcés et les capturent en échange de rançons.

Quelques années plus tard, c'est Joseph Roig qui est chargé d'ouvrir la voie vers l'Argentine, qui se fera grâce à une rencontre importante ...

1921 - 1929
1921 - 1929
Rassemblement d'aviation à l'Aéroclub de Bigorre à côté du restaurant l'Aéropostale de Laloubère.

Traverser l'Atlantique, jusqu'en Argentine

Joseph Roig entre en contact avec un grand aviateur argentin de l'époque, Vicente Almandos Almonacid, auteur de la première traversée nocturne des Andes en 1920. En 1925, des vols d'étude sont effectués entre Rio et Buenos Aires, puis entre Rio et Recife. La même année a lieu le premier vol commercial officiel entre Casablanca et Dakar.

Mais Latécoère est en proie à des difficultés financières et c'est un industriel et homme politique français, Marcel Bouilloux-Lafont, qui va aider Latécoère en rachetant la ligne. Fortement implanté en Amérique Latine, il va, avec l'aide d'Almandos Almonacid, permettre une rencontre avec le président argentin. Ce dernier s'avère très intéressé, et demandera à ce qu'un contrat soit rapidement établi.

Pendant l'année 1927, de nombreuses décisions administratives sont prises entre la France et l'Argentine, mais également avec l'Afrique, afin de permettre l'ouverture et le fonctionnement de ces lignes aéropostales.

1928 - 1931
1928 - 1931
Rassemblement d'aviation à l'Aéroclub de Bigorre à côté du restaurant l'Aéropostale de Laloubère.

Traverser la barrière des Andes

Maintenant que l'Aéropostale est implantée en Argentine, il reste un défi majeur : traverser la Cordillère des Andes pour rallier Santiago du Chili.

Véritable barrière naturelle, il s'agit d'un passage dangereux qui doit être exploré et testé de nombreuses fois afin d'en définir les trajectoires les plus sécuritaires pour les pilotes. A l'époque, ce massif montagneux a déjà été traversé, mais jamais des trajets réguliers n'y ont été envisagés. La livraison du courrier par la voie maritime met plus d'un mois entre Buenos Aires et Santiago là où la voie postale réduira ce délai à 9 jours.

C'est Jean Mermoz qui deviendra le plus emblématique des pilotes ouvreurs, avec de nombreuses situations dangereuses évitées, des atterrissages, des chutes et même des décollages en pleine montagne… Vécues également par ses collègues et amis, Henri Guillaumet et Antoine de St Exupéry. Ce sont les progrès en aviation des usines Latécoère qui permettront à des avions plus performants de définitivement ouvrir cette voie, en 1929 et 1930.

Alors que l'Aéropostale continue de développer ses voies vers l'Uruguay, la Patagonie et le Chili. Au sommet de sa gloire, les résultats sont stupéfiants : 3.5 millions de kilomètres parcourus chaque année, 32 millions de lettres transportées en 1930, 25 pays utilisant ses services ...

Après 1931
Après 1931
Rassemblement d'aviation à l'Aéroclub de Bigorre à côté du restaurant l'Aéropostale de Laloubère.

L'Aéropostale s'arrête, Latécoère perdure ...

Dans ce contexte post-guerre, une multitude d'autres compagnies se crééent et viennent faire concurrence. Face à ses énormes dépenses et au bord de la faillite, l'Aéropostale demande l'aide de l'Etat français qui refuse : l'entreprise en mise en liquidation en 1931. Cette période, qui durera deux ans, sera maintenue à flots grâce à Marcel Bouilloux-Lafont qui investira sa fortune personnelle afin de sauver l'entreprise de sa vie.

Il décèdera ruiné, après la création par l'état en 1933 de la société Air France, regroupant les plus petites société d'aviation de l'époque, dont l'Aéropostale.

Latécoère de son côté se distinguera jusqu'en 1948 par ses travaux pionniers pour l'aviation, avec un intérêt majeur dans l'amélioration des appareils hydravions, véritables "paquebots des airs". Leur fabrication s'arrête en 1950 à cause de leurs limites techniques, et le groupe Latécoère continuera au fil du temps à diversifier ses activités (missiles sous marins, pièces aéronautiques, câblages…) encore en vigueur de nos jours, avec une expansion internationale.

Malgré une fragilisation dans les années 2010 et un rachat par une société américaine, le groupe Latécoère rebondit et consolide sa position dans le secteur de l'innovation aéronautique après le Covid, avec notamment des recherches sur les initiatives électriques pour les vols hybrides.

Des figures emblématiques sur ces lignes historiques